Kassoum Compaoré, le fabriquant de lipiko

Achille Sawadogo
3 min readApr 25, 2019

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Kassoum à son lieu de travail

Ces sortes de lits pliables, faits de fils tissés sur du fer, c’est ce qui occupe Kassoum. Appréciés surtout pour leur praticité, leur fabrication attire de plus en plus de personnes. Avec Kassoum, nous avons découvert la beauté de son travail. Lisez plutôt !

C’est au Rond-point de la femme, communément appelé, rond-point de boins-yaare (en moore), à proximité de l’Archevêché ou encore à quelques pas de la médiathèque municipale de Ouagadougou, que Kassoum exerce son métier. Autour de lui, sont disposés des rouleaux de fil de différentes couleurs et du fer. Cette dernière pièce est acquise auprès d’un soudeur de la place. Le fer est soudé selon des dimensions précises afin qu’il prenne la forme du produit fini.

C’est au bord de la chaussée qu’il travaille tous les jours. Les incessants va et vient et le bruit ambiant des usagers de la route ne semblent pas influencer son rythme de travail. Les ronflements des engins n’ont pas raison de sa cadence, pas plus que les klaxons et la fumée des nombreux engins qui empruntent cette voie. Au contraire, Kassoum y voit une belle occasion. « J’aime travailler comme cela, en plein air. Lorsque les usagers passent et qu’ils me voient travailler, ils apprécient mieux mes produits. Certains s’arrêtent pour échanger avec moi et il y en a qui reviennent acheter », explique-t-il.

Assis, les jambes écartées de part et d’autre sur la largeur du lipiko qu’il tisse, les gestes de Kassoum Compaoré sont précis. D’un geste assuré, il entremêle les fils et les enroulent autour du fer. Avant de s’engager dans son aventure « en solo », Kassoum a d’abord travaillé aux côtés de son grand frère qui tisse et vend également des lipiko. C’est dans l’atelier de ce dernier situé aux environs du palais du Mogho naaba qu’il a appris les subtilités du métier. Patient, Kassoum dit avoir pris le temps nécessaire pour se former. Une fois les connaissances assimilées, il vole maintenant de ses propres ailes.

Le prix des lipiko à partir de 27.500FCFA (42 EUR)

Exemple de ‘lipiko’

A écouter le fabriquant, le métier est rentable. Il dit couvrir ses dépenses quotidiennes grâce à son travail. Aussi, il fait quelques économies afin de financer un projet qui lui tient à cœur. Plus tard, il souhaiterait ouvrir un atelier où il pourra employer des personnes qu’il aurait préalablement formées. En moyenne, Kassoum conçoit trois lipiko par jour et en tire de bon prix. « Mes lipiko se vendent assez bien. En plus, ils se négocient à partir de 27.500FCFA (42 EUR). Lorsque les clients débattent les prix, je fais des rabais », indique-t-il.

Kassoum fait aussi de la formation. Quelques fois, il reçoit des personnes qui souhaitent apprendre à tisser pour en faire leur métier. Après s’être acquitté des frais de formation, les apprenants passent quelques temps avec lui, durant lequel il se forme.

Des initiatives à encourager car le développement d’une personne ou d’une nation passe par le peu de choses que l’on entreprend pourvu qu’elle soit faite avec détermination et persévérance.

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Achille Sawadogo

Mandela Washington Fellow, for Young African Leaders — Civic engagement — Development Cooperation, Economist, Project Management skills, Free learner