FEMMES ACTRICES DE DEVELOPPEMENT BURKINA FASO

Achille Sawadogo
5 min readApr 20, 2019

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Maïmouna Kargougou , une femme exemplaire

Maïmouna Kargougou exposant ses produits

Les femmes constituent 52% de la population burkinabè et 80% d’entre elles travaillent dans le secteur informel et contribuent à alimenter l’économie. (Sources : Etude CRSBAN 2000, 2003). Beaucoup d’entre elles se sont investies dans les secteurs de la transformation des produits locaux et de la restauration. Grâce à la détermination et aux ambitions de certaines, elles sont devenues chefs d’entreprise. Comment sont-elles parvenues ? Les lignes qui suivent vous décriront cela.

Maïmounata Kargougou est membre d’une faitière dénommée Collectif des associations de restauratrices et transformatrices des produits locaux (CARTPL) basée à Ouagadougou. L’organisation des actrices en groupe répond à un besoin d’œuvrer ensemble pour atteindre un but par la force de la dynamique de groupe. S’organiser en groupe est un facteur sécurisant, démultiplicateur et synonyme d’efficacité. Et le but que Maïmounata Kargougou s’est fixé est d’arriver à entreprendre. Cependant, le développement de l’entreprenariat féminin passe par les capacités qu’ont les femmes à se positionner dans le secteur, la qualité des prestations qu’elles peuvent offrir ; c’est aussi par le renforcement de leur confiance en elles-mêmes que les femmes peuvent se transformer en actrices, opératrices du développement.

Tout cela passe nécessairement par le renforcement des capacités à travers des formations sur des thématiques qui les intéressent telles que la Gestion des entreprises et le marketing ; l’Hygiène générale et qualité dans la production et l’assainissement ; le Leadership et la prises de décisions ; l’organisation d’ateliers de réflexion-action. Grâce à l’appui d’une ONG nationale appelée ASMADE, Maïmounata Kargougou a pu participer à des sessions de formations sur le plan national et international. C’est ainsi que dans les années 2008–2010, elle a participé à une formation des formateurs en Italie, précisément à l’Organisation internationale du travail (OIT). C’est de retour de l’OIT qu’elle a pris conscience de son potentiel en tant qu’opératrice économique et actrice du développement socio-économique de son pays. Plus confiantes, elle a vite pris conscience de son potentiel. De même, ces différentes formations ont permis à celle-ci de renforcer ses capacités de dialogue, de plaidoyer et leur leadership. « Grâce à l’accompagnement de l’ONG ASMADE, j’ai acquis la notion de coopérative », Maïmounata Kargougou.

Ainsi, l’idée de créer une coopérative effleure son esprit. Malheureusement, avec la lenteur de l’administration pour obtenir un statut juridique, elle n’est pas parvenue à la créer. Néanmoins, elle ne baisse pas pour autant les bras. Maïmounata Kargougou avec quelques membres du CARTPL crée l’entreprise sociale Tégawendé, dont elle est la présidente. Située à Tanghin (quartier de Ouagadougou), l’entreprise est spécialisée dans la transformation des produits locaux, la restauration, la formation, la saponification et l’entretien. L’entreprise est forte actuellement de vingt-huit (26) personnes dynamiques en majorité femmes (20) et six (06) garçons.

Elle ne poursuit pas aveuglement le profit, mais elle tient compte de ce statut social qui est le bien-être de celles ou ceux qui y travaillent. C’est pourquoi, elles travaillent et au bout d’une année, elles font le point. Les bénéfices qui en découlent, elles les partages entre membres de la structure.

Au-delà de l’entreprise, elle est devenue une formatrice en transformation des produits forestiers non ligneux. A plusieurs reprises, elle a été appelée par le Fonds d’appui à la formation professionnelle et artisanal (FAPPA) et la maison de l’entreprise pour des formations. A ce jour, elle a déjà formé une dizaine d’associations à Ouagadougou et à Kaya.

Toutes ces tâches accomplies ont fait d’elle aujourd’hui une femme leader. Les formations reçues par l’ONG ASMADE et l’ONG ASTER International constituent les piliers de leur développement, leur confiance en soi. C’est grâce à cela qu’elle a été une élue consulaire à la chambre des métiers et elle a été dans le bureau de la chambre composé de 12 membres dont 11 hommes et une femme. Elle était la seule femme mais cette posture ne lui a pas désenchanté. Au contraire, elle s’imposait quand il faut. C’est pour dire qu’elle doit ces mérites à ces formations qu’elle a bénéficié et à sa détermination.

Les femmes membres à l’oeuvre
Fabrication du “Soumbala”, épice très prisée dans la restauration au Burkina
Quelques materiels de fabrication du “Soumbala”, épice très prisée dans la restauration au Burkina

Son conseil à l’endroit des femmes?

Le conseil qu’elle donne aux femmes, c’est d’avoir confiance à ses capacités et se donner à fond dans ce qu’elles entreprennent car comme on a coutume à dire, « Seul le travail paie ». Elles doivent travailler avec désintéressement. Quand il y a des formations, elles ne doivent pas penser à une contrepartie financière. Le conseil que qu’elle a l’habitude de donner à celles qui collaborent avec elle, c’est d’avoir d’autres activités parallèles.

Les défis du moment?

Le défi actuel qu’elles ont est d’avoir des boutiques ou des vitrines de commercialisation des produits fabriqué. Elles procèdent actuellement aux livraisons à domicile, dans les services et dans les supers marchés de la ville. Mais elles ambitionnent avoir un circuit de commercialisation plus professionnel.

Produit fini: le soumbala emballé
Produit fini: du sirop embouteillé

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Achille Sawadogo

Mandela Washington Fellow, for Young African Leaders — Civic engagement — Development Cooperation, Economist, Project Management skills, Free learner